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« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire », a dit un sage.


mercredi 11 décembre 2013

Mandela nous avait fait rêver : voici une idée présentée à Genève pour le Burundi de nos jours




Intervenant aux côtés de Gerald Staberock, secrétaire général de l’OMCT, de Mme Delia Mamon, Présidente de l’organisation Graines de Paix, avec au centre M. Eric Sottas, Président de The Future of Human Rights Forum. La journée était parrainée par Jan Martenson, l’ancien Directeur Général de l’ONUG (Office des Nations Unies de Genève), au centre, photo ci-dessus .   


Je m’inspire en fait de ce qui est passé ce mardi, 10 décembre, au Centre international des conférences de Genève, où The Future of Human Rights Forum (FHRF, www.fhrf.org) célébrait le 60ème anniversaire de la déclaration des droits de l’homme  en organisant une série de panels avec des célébrités bien connues de ce domaine. Le CIRID y était i8nvité en tant que partenaire et j’ai l’avantage de prendre la parole, venant les mérite de Bujumbura qui, pouvant devenir une Ville de paix, avec un statut international lui conférant un rôle similaire à celui que joue la Genève internationale dans la résolution des conflits dans le monde, pourrait devenir un espoir pour l’Afrique des Grands Lacs.  
Que personne ne veuille me prêter ce que je ne veux pas dire dans ces lignes dans lesquelles je plonge dans l’actualité.
Car je veux en effet, sans être un Mandela, rappeler ce que j’ai dû écrire avec conviction dans mon « Le temps Mandela au Burundi. Ce que j’ai compris. Récit de plus de trente ans d’engagement (Editions Remesha, Genève, 2001).
En appelant la classe politique burundaise à pérenniser ce que tout le monde appelle « l’esprit Mandela » dans le contexte burundais depuis août 2000 suite à la signature des accords de paix d’Arusha, j’ai clairement mentionné que notre classe politique devrait consolider les acquis de ces accords en imaginant de nouvelles « lignes de partage », comme disent les politologues. Ceci permettrait de régler le problème du clientélisme qui caractérise encore aujourd’hui le partage inégal du pouvoir.
Ces lignes de partage viendraient aider à banaliser les déterminants ethniques qui nous ont longtemps enfermés dans des ghettos minables et condamnent encore aujourd’hui les chances d’un dialogue politique bénéficiant d’un volontarisme interne.
En parlant de l’Afrique du Sud et de la lutte de l’icône planétaire qui vient de nous quitter, je rappelais donc que, sous la houlette de « Madiba » le peuple sud africain, - les Noirs comme  les Blancs, les Indiens et tous les autres - a découvert une ligne de partage qui transcende les divisions héritées de l’apartheid. Ils ont tout de suite décidé de mettre la nouvelle donne au service de l’Afrique, en commençant par celle de la partie australe du continent.
Tout s’est joué avant tout sur le plan diplomatique, avec un œil orienté sur les marchés économiques.  En 2001, les sud africains ont ainsi décroché le droit d’organiser un premier événement d’envergure mondiale jamais tenu en Afrique : ce fut la conférence mondiale contre le racisme qui eut lieu à Durban.
Ce fut ensuite le Mundial de foot en 2011, qui a démontré à la face du monde que notre continent existait et qu’il avait des capacités. Les hommes d’affaires sont les seuls à nous dire comment ces événements leur ont apporté un souffle incroyable sur le plan des retombées économiques : c’est-à-dire en dopant leurs capacités d’accueil touristique, en remplissant leurs hôtels et leurs avions, etc.
                            
Comment le Burundi a profité de l’ère Mandela
Bien avant, je le rappelle encore, Mandela avait offert son savoir faire pour obtenir la signature d’un historique accord de paix au Burundi, défiant les « médiocraties » ambiantes qui avaient fatigué l’infatigable Nyerere.
On a vu par la suite que c’est l’Afrique du Sud qui a joué les premiers rôles au sien des missions onusiennes successives qui ont drainé des millions de dollars en faveur de ce qui fut le BINUB (Bureau intégré des Nations Unies au Burundi), transformé aujourd’hui en BNUB (Bureau des Nations Unies au Burundi), qui est d’ailleurs menacé de disparition.
Ce que les Barundi ne doivent plus oublier, c’est que cette opportunité avait un cachet spécial : il s’agissait d’une action expérimentale, que l’ONU voulait initier en pensant à d’autres pays en période post-conflit. Le Burundi était vu comme un laboratoire, jouissant d’atouts indéniables qui ne se retrouvent nulle part ailleurs dans notre région.
Ce n’est pas un hasard si nos soldats jouent le rôle appréciable qu’on leur sait en Somalie. Ils ont été sollicités ailleurs (Tchad, Côte d’Ivoire, Soudan, Centrafrique, Mali…). On les a même vu en Syrie et on les voit encore au-delà de l’Atlantique, en Haiti, par exemple !  je sais qu’en plus du savoir faire militaire, il existe aussi des capacités avec ceux qui peuvent devenir des consultants politiques, issu de l’Ecole des conflits que nous avons transformés, commençant en mettre en doute les réalités du clivage hutu-tutsi.    
Quel peuple ne voudrait-il pas profiter de cette image et de cette opportunité ?
C’est pourquoi j’ai du mal à savoir que cet exercice ne s’est pas bien terminé quand Mahmoud Youssef, le Monsieur ONU de 2007-2009, a dû être poussé à la sortie dans les conditions fort peu sympathiques que l’on a vues, mettant ainsi fin au rêve qu’avait suscité ce que je considère toujours un excellent exercice : le Projet  « Cadres de dialogue » dont les leçons ont encore de la peine à inspirer les agenda de notre classe politique, mais qui a aidé à limité les casses dans le conflit postélectoral de 2010.
Or, ce projet là, pouvait nous amener une dynamique qui nous rend fiers de notre passeport, car ce n’est vraiment pas encore le cas quand vous observez parler d’eux-mêmes à l’extérieur de Bujumbura.
Je n’insulte personne si j’affirme que nombreux parmi nous n’ont rien de cet orgueil qui habitent les Rwandais de Kagame ni même cette fierté que les Zaïrois de Mobutu, malgré ces dernières années noires, ont encore quand ils mettent en avant les avantages que leur procure leur identité nationale.

Ce qui me fait espérer, c’est que je sais qu’il nous faut des rêves et d’autres rêveurs.
Quand à Genève, lors de la célébration du 60ème anniversaire de la déclaration des droits de l’homme, j’ai répété que Bujumbura, en raison de ses spécificités (géopolitiques indéniables au cœur de l’Afrique actuelle peut devenir une espèce de « Genève internationale africaine », une Ville de paix qui abrite aux côtés du bureau de Mme Mary Robinson (e3nvoyée spéciale de Ban-Ki-Moon dans la région) et du Secrétariat général de la CIRGL (issu de la Conférence internationale Grands Lacs de Nairobi), il ne s’agit pas seulement d’un rêve. Il s’agit surtout d’une idée innovante que j’appelle aussi une initiative réaliste et réalisable.
J’en parlerai encore.

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