Je m’inspire en fait de ce qui est passé ce mardi, 10
décembre, au Centre international des conférences de Genève, où The Future of
Human Rights Forum (FHRF, www.fhrf.org)
célébrait le 60ème anniversaire de la déclaration des droits de
l’homme en organisant une série de
panels avec des célébrités bien connues de ce domaine. Le CIRID y était i8nvité
en tant que partenaire et j’ai l’avantage de prendre la parole, venant les
mérite de Bujumbura qui, pouvant devenir une Ville de paix, avec un statut
international lui conférant un rôle similaire à celui que joue la Genève
internationale dans la résolution des conflits dans le monde, pourrait devenir
un espoir pour l’Afrique des Grands Lacs.
Que personne ne veuille me prêter ce que je ne veux
pas dire dans ces lignes dans lesquelles je plonge dans l’actualité.
Car je veux en effet, sans être un Mandela, rappeler
ce que j’ai dû écrire avec conviction dans mon « Le temps Mandela au Burundi. Ce que j’ai compris. Récit de plus
de trente ans d’engagement (Editions Remesha, Genève, 2001).
En appelant la classe politique burundaise à
pérenniser ce que tout le monde appelle « l’esprit Mandela » dans le
contexte burundais depuis août 2000 suite à la signature des accords de paix
d’Arusha, j’ai clairement mentionné que notre classe politique devrait consolider
les acquis de ces accords en imaginant de nouvelles « lignes de
partage », comme disent les politologues. Ceci permettrait de régler le
problème du clientélisme qui caractérise encore aujourd’hui le partage inégal du
pouvoir.
Ces lignes de partage viendraient aider à banaliser
les déterminants ethniques qui nous ont longtemps enfermés dans des ghettos
minables et condamnent encore aujourd’hui les chances d’un dialogue politique
bénéficiant d’un volontarisme interne.
En parlant de l’Afrique du Sud et de la lutte de l’icône
planétaire qui vient de nous quitter, je rappelais donc que, sous la houlette
de « Madiba » le peuple sud africain, - les Noirs comme les Blancs, les Indiens et tous les autres - a
découvert une ligne de partage qui transcende les divisions héritées de
l’apartheid. Ils ont tout de suite décidé de mettre la nouvelle donne au
service de l’Afrique, en commençant par celle de la partie australe du
continent.
Tout s’est joué avant tout sur le plan diplomatique,
avec un œil orienté sur les marchés économiques. En 2001, les sud africains ont ainsi décroché
le droit d’organiser un premier événement d’envergure mondiale jamais tenu en
Afrique : ce fut la conférence mondiale contre le racisme qui eut lieu à Durban.
Ce fut ensuite le Mundial de foot en 2011, qui a
démontré à la face du monde que notre continent existait et qu’il avait des
capacités. Les hommes d’affaires sont les seuls à nous dire comment ces
événements leur ont apporté un souffle incroyable sur le plan des retombées économiques :
c’est-à-dire en dopant leurs capacités d’accueil touristique, en remplissant
leurs hôtels et leurs avions, etc.
Comment le Burundi a profité de l’ère Mandela
Bien avant, je le rappelle encore, Mandela avait
offert son savoir faire pour obtenir la signature d’un historique accord de
paix au Burundi, défiant les « médiocraties » ambiantes qui avaient
fatigué l’infatigable Nyerere.
On a vu par la suite que c’est l’Afrique du Sud qui a
joué les premiers rôles au sien des missions onusiennes successives qui ont drainé
des millions de dollars en faveur de ce qui fut le BINUB (Bureau intégré des Nations
Unies au Burundi), transformé aujourd’hui en BNUB (Bureau des Nations Unies au
Burundi), qui est d’ailleurs menacé de disparition.
Ce que les Barundi ne doivent plus oublier, c’est que
cette opportunité avait un cachet spécial : il s’agissait d’une action
expérimentale, que l’ONU voulait initier en pensant à d’autres pays en période
post-conflit. Le Burundi était vu comme un laboratoire, jouissant d’atouts
indéniables qui ne se retrouvent nulle part ailleurs dans notre région.
Ce n’est pas un hasard si nos soldats jouent le rôle
appréciable qu’on leur sait en Somalie. Ils ont été sollicités ailleurs (Tchad,
Côte d’Ivoire, Soudan, Centrafrique, Mali…). On les a même vu en Syrie et
on les voit encore au-delà de l’Atlantique, en Haiti, par exemple ! je sais qu’en plus du savoir faire militaire,
il existe aussi des capacités avec ceux qui peuvent devenir des consultants
politiques, issu de l’Ecole des conflits que nous avons transformés, commençant
en mettre en doute les réalités du clivage hutu-tutsi.
Quel peuple ne voudrait-il pas profiter de cette image
et de cette opportunité ?
C’est pourquoi j’ai du mal à savoir que cet exercice
ne s’est pas bien terminé quand Mahmoud Youssef, le Monsieur ONU de 2007-2009, a
dû être poussé à la sortie dans les conditions fort peu sympathiques que l’on a
vues, mettant ainsi fin au rêve qu’avait suscité ce que je considère toujours un
excellent exercice : le Projet
« Cadres de dialogue » dont les leçons ont encore de la peine
à inspirer les agenda de notre classe politique, mais qui a aidé à limité les
casses dans le conflit postélectoral de 2010.
Or, ce projet là, pouvait nous amener une dynamique
qui nous rend fiers de notre passeport, car ce n’est vraiment pas encore le cas
quand vous observez parler d’eux-mêmes à l’extérieur de Bujumbura.
Je n’insulte personne si j’affirme que nombreux parmi
nous n’ont rien de cet orgueil qui habitent les Rwandais de Kagame ni même cette
fierté que les Zaïrois de Mobutu, malgré ces dernières années noires, ont
encore quand ils mettent en avant les avantages que leur procure leur identité nationale.
Ce qui me fait espérer, c’est que je sais qu’il nous faut
des rêves et d’autres rêveurs.
Quand à Genève, lors de la célébration du 60ème
anniversaire de la déclaration des droits de l’homme, j’ai répété que
Bujumbura, en raison de ses spécificités (géopolitiques indéniables au cœur de
l’Afrique actuelle peut devenir une espèce de « Genève internationale
africaine », une Ville de paix qui abrite aux côtés du bureau de Mme Mary
Robinson (e3nvoyée spéciale de Ban-Ki-Moon dans la région) et du Secrétariat
général de la CIRGL (issu de la Conférence internationale Grands Lacs de
Nairobi), il ne s’agit pas seulement d’un rêve. Il s’agit surtout d’une idée
innovante que j’appelle aussi une initiative réaliste et réalisable.
J’en parlerai encore.
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